http://familycoach-pro.com/2015/11/30/laisser-exprimer-les-coleres/
Laisser exprimer les colères, faut-il mettre des limites?
Lors d’une de mes consultations, une
maman partage avec moi son souci de savoir ce qui est bien de faire au
sujet des colères de sa petite de 4 ans.
« Personnellement je suis assez d’accord avec l’’idée
de la laisser extérioriser ses colères plutôt que d’essayer des les
contenir, mais mon mari pense que si nous la laissons faire, elle ne
saura jamais se contenir ou se maîtriser notamment dans des situations
où il n’est pas de bon ton de se mettre dans tous ses états. Je ne sais
pas trop comment gérer ses 2 points de vues que je trouves justes. »
Est-ce que parfois on ne peut pas tout simplement dire NON à la colère?
Effectivement il y a des limites à poser. Il est important de faire la distinction entre:
- Poser des limites aux émotions, et
- Poser des limites aux expressions de ces émotions.
S’il n’est pas favorable à l’enfant de le
limiter dans ses émotions, en lui laissant le message que avoir des
colères, des chagrins, des frustrations est négatif, il est très
constructif pour lui d’apprendre que, l’expression de ses émotions,
c’est-à-dire que
« les comportements que
j’agis pour démontrer mes émotions ont des limites imposées par la
présence des autres, ma propre sécurité et celle des autres, mon
intégrité physique et celle des autres, le respect des lieux dans
lesquels je me trouve, la culture dans laquelle je vis, ainsi que le
bien-être des autres. »
Cela paraît être un programme très
chargé, mais cela signifie aussi que lorsque j’apprends à exprimer mes
émotions, j’apprends aussi à me situer dans mon environnement et à faire
preuve de respect de celui-ci.
Ainsi il est très important en tant que parents, que nous apprenions à nos enfants que être en colère,
- c’est normal et sain à la fois,
- qu’il vaut toujours mieux le dire et l’exprimer que le garder pour soi au fond de soi ET que dans le même temps,
- il existe toute une panoplie de façon de l’exprimer sans porter préjudice aux autres;
Cela nous rappelle à nous-mêmes que nous
sommes aussi responsables de ne pas faire vivre aux autres une colère ou
des frustrations qui ne leur appartiennent pas et en particuliers à nos
enfants que nous brusquons souvent à cause de choses qui ne leur
appartiennent pas.
Connaître une large panoplie de façons d’exprimer ses sentiments et ses émotions est un gage de bonne gestion émotionnelle.
Voici 6 comportements parentaux qui vont aider nos enfants à modéliser la gestion émotionnelle.
1.Favoriser la connection profonde avec eux.
Les bébés apprennent à gérer leur
mal-être en étant portés et réconfortés, bercés jusqu’à ce que
l’équilibre interne soit retrouvé. Même quand les enfants grandissent,
lorsqu’ils “se dérèglent” intérieurement, qu’ils sont déconnectés d’avec
leur environnement, la reconnection avec nous les aident à se réguler
intérieurement.
Parfois, sans mot, savoir juste les
prendre dans les bras et les serrer fort. Même s’ils gigotent dans tous
les sens, cette proximité physique intense et bienveillante les aident à
se calmer.
2. Gérer nous-mêmes l’expression de nos colères
en sachant prendre le temps de respirer et de se calmer plutôt que de
crier ou de claquer une porte, ou quelque autre comportement bruyant et
parfois effrayant pour nos enfants. Gardons à l’esprit que les enfants
apprennent de nous. Si nous crions sur eux, ils apprennent à crier sur
nous et les autres, si nous parlons respectueusement, ils apprennent à
parler respectueusement. Chaque fois que vous démontrez à votre enfant
comment stopper un comportement agressif en cas de colère, votre enfant
apprend à gérer son propre comportement.
3. Accepter et reconnaître les émotions de nos enfants, même lorsqu’elles nous paraissent démesurées (ce qui est très souvent le cas mais pas pour eux).
“ma puce, je suis désolée que ce soit
si difficile pour toi, je suis désolée que cela ne se passe pas comme
tu voudrais, je sais que c’est très décevant que ta soeur ne veuille pas
jouer avec toi..etc »
Quand l’empathie devient notre réponse
systématique, nos enfants apprennent que les émotions ne sont ni
mauvaises ni dangereuses et qu’ils peuvent les laisser venir comme elles
arrivent.
Notre soutien leur apprend qu’on peut
traverser ces mauvais moments, comme des turbulences et que lorsque les
émotions sont passées, le soleil revient toujours et avec lui la joie et
le plaisir. C’est là que commence l’apprentissage de la résilience.
4. Guider les comportements plutôt que punir.
Souligner le mauvais comportement,
menacer, punir n’aide en rien l’enfant à gérer ses émotions, aussi
fréquentes ou terrifiantes soient-elles. Les mots humiliants sont si
vite sortis: “ tu te comportes comme un bébé, t’es ridicule, tu vas
quand même pas pleurer pour cela, t’es méchant, je vais te donner une
bonne raison de pleurer, tu devrais avoir honte, non mais regarde-toi?
Même ta petite soeur se comporte mieux….la liste serait très simple à allonger…
Nous utilisons les réponses qui nous été
données mais il est temps de changer cela et de donner les bonnes
réponses à nos enfants.
Les punitions lors de crises de colères ou turbulences émotionnelles ne donnent que plus de mauvais comportements. Pourquoi?
Parce que punit, votre
enfant garde ses émotions, les accumulent; dépassé et effrayé par
l’ampleur que cela prend, il se déchaîne. Ses crises sont à la mesure du
désordre interne qu’il ressent. Alors qu’il ne cherche qu’un moyen de
cesser ces sensations désagréables, envoyé seul dans sa chambre ou puni,
l’enfant ressent un profond désarroi et sentiment de culpabilité.
Plutôt que punir, aidons l’enfant à
rester sur la bonne voie et lui apprenant à traverser les turbulences en
toute sécurité jusqu’à ce qu’il puisse le faire par lui-même.
Gardons toujours à l’esprit: nos enfants
sont des petits être humains en formation! Ils sont faits comme nous,
sauf qu’ils n’ont aucune expérience de comment se gérer.
Soyons donc patients, et
soyons sûrs que le temps passé à les accompagner intensément quand ils
sont petits est du temps gagné plus tard à explorer d’autres aspects de
la vie que celui des comportements de base.
5. Aider l’enfant à se sentir en sécurité dans l’expression de ses émotions, même quand nous limitons ses comportements.
Ce que nous disions au départ: limiter les comportements en fonction de sa sécurité, de la bienséance et de son environnement: « tu
peux être en colère aussi fort que tu veux, mais je ne te laisserai pas
me taper, je ne te permets pas de cracher sur ton frère, tu n’es pas
autorisé à lancer tes jouets à travers la chambre, tu ne peux pas te
rouler par terre dans le magasin, etc… »
Votre enfant en colère n’est pas au
mauvais garçon, ni une vilaine fille, juste un enfant en proie à un trop
plein d’émotions ingérable sur le moment. Si vous pouvez rester
compréhensif et compatissant, votre enfant se sentira en sécurité pour
exprimer le fond de son émotion, en pleurant ou finalement, exprimant ce
qui le met dans cet état. Cela lui évitera d’agir agressivement sur son
environnement ou sur lui-même.
Lorsque l’enfant se met à pleurer, à
parler dans de gros sanglots, il est sur le chemin de la résolution de
la crise. Car derrière la colère se cache toujours une frustration, une
déception, un chagrin quelconque. Cette tristesse une fois atteinte et
exprimée, la colère n’a plus sa raison d’être et donc disparaît
d’elle-même.
6. Se comporter en tant qu’adulte. (comme celui qui sait gérer sans crainte)
Crier sur un enfant en colère, tenter à
tout prix de faire cesser cette colère ou encore l’envoyer se calmer
seul dans sa chambre, donne le message à l’enfant que nous ne sommes pas
capables de gérer ce qui lui arrive, que nous sommes nous-mêmes
dépassés ou effrayés par ses émotions. Alors il commence à prendre sur
lui-même ses frustrations mais devient très demandeur, exigeant,
autoritaire. Comme pour dire: « tu ne peux pas me soutenir, me
rassurer ok mais alors tu vas faire autre chose pour moi, je vais te
tenir à mes côtés autrement! »
Mais le plus dangereux
pour leur développement est qu’ils se ferment à nous, cessant de venir
partager leurs larmes, leurs peurs pour tout prendre à leur compte.
Cela veut dire qu’ils cessent d’être en
confiance avec leurs vulnérabilités, avec leur droit d’être ou de se
sentir moins bien. Ils s’endurcissent en gardant leurs défenses le plus
souvent actives. Cela veut dire qu’ils ne peuvent plus se détendre.
Alors que le développement normal de leur âge devrait leur permettre
d’explorer ce qui leur fait peur pour y faire face, ces enfants
renfermés apprennent les stratégies d’évitement ou d’attaque; dans
l’apprentissage de la relation avec l’autre, plutôt que d’apprendre à
travailler sur le conflit avec ses pairs ainsi qu’à expérimenter le
risque d’essayer de nouvelles choses, l’enfant en auto-défense
permanente se montre intraitable, inaccessible, parfois tout puissant.
Plus tard, ces enfants deviennent des
adolescents en manque de compétences sociales et relationnelles; ils se
retrouvent souvent dans des groupes d’exclus socialement, ou optent pour
des comportements d’auto sabotage par peur de la confrontation avec les
autres et notamment avec le monde des adultes susceptibles de leur
apprendre la vie professionnelle et responsable.
Est-il important de mettre de mots sur
nos émotions ? Oui certainement, très certainement oui! Cependant il
n’est pas utile d’insister pour que l’enfant en pose. Et pour l’aider,
il est bien d’en poser nous-mêmes. Il en apprendra ainsi le vocabulaire.
Un geste tendre, un regard complice et compréhensif vaut l’ensemble du lexique des mots!
Les mots viendront au moment où vous vous y attendez le moins.
Restez surtout attentifs
à ne jamais nier une émotion aussi incompréhensible soit-elle pour
vous. Les émotions sont toujours vraies pour celui qui les vit.
Des émotions feintes ou sur jouées sont le résultats souvent d’un manque d’attention ou alors du déni systématique.
Gardez à l’esprit et enseignez le à vos enfants que:
-
Les émotions ne sont pas mauvaises au contraire elles sont une richesse de l’être humain
-
Le plus souvent nous n’avons
pas le choix de leur apparition mais nous avons toujours le choix de la
façon dont nous les traversons et les exprimons
-
Lorsque nous sommes
confortables et confiants avec nos émotions, nous pouvons les vivre
profondément; ensuite elles se dissipent. Cela nous donne plus de
contrôle sur nos comportements. Savoir que ça existe ET que cela passe
est plutôt rassurant.
Les enfants élevés dans ces convictions
apprennent à contrôler leurs émotions, parce qu’ils ont une vie
émotionnelle saine et non pas parce qu’on leur a enseigné à ne pas les
ressentir, ou qu’ils ont été punis, humiliés ou encore culpabilisés à
cause de leur façon d’exprimer leurs émotions.
Cela semble difficile à faire ? Ca
l’est!!! Ca l’est car nous n’avons nous-mêmes pas eu l’opportunité
d’apprendre ces choses et que pour la plupart nous avons appris à
contenir ou à éviter nos émotions. Alors l’expression des émotions de
nos enfants nous apparaissent comme inappropriées, mal venues surtout
face à l’extérieur, souvent source d’angoisses. En tous les cas, et pour
la plupart des parents, ce sujet représente le 1er grand combat
d’éducation après les pleurs inexpliqués et les problèmes de sommeil des
nourrissons.
Nos enfants deviennent alors une seconde
chance pour nous de faire cet apprentissage et ainsi se sentir plus en
confiance avec nous-mêmes et face aux émotions des autres.
L EQUILIBRE FAMILIAL EST A LA PORTEE DE TOUS
MMH